Nicolas Durival, dit l'Ainé, chef de Police de Nancy durant le règne de Stanislas en Lorraine rédigeait un journal (aujourd'hui conservé à la B.M. De Nancy), consignant au jour le jour divers renseignements ou anecdotes. La Bibliothèque Municipale de Nancy a récemment mis en ligne une partie du journal (années 1764 à 1766), enrichi d'informations concernant les noms de lieux et de personnes : www.journaldedurival.fr

En voici quelques uns :

Décembre 1748
« C'est le Roi de Pologne qui est l'auteur d'un petit livre imprimé petit 8° chez la Veuve sous le titre de Philosophe Chrétien. Et c'est moi qui ait été chargé par ce Prince de le faire imprimer »

29 Août 1749
retranscription d'une lettre de Voltaire au Roi de Pologne :
« Les Roys sont depuis Alexandre en possession de nourrir les gens de lettres et quand Virgile était chez Auguste, Allyotus conseiller Aulique d'Auguste faisait donner à Virgile du pain du vin et de la chandelle. Je suis malade aujourd'hui et je n'ai ni pain ni vin pour dîner »

6 février 1755
incendie dans l'aile droite extérieure du Château de Lunéville

17 Juin 1755
« L'arc de Triomphe se finit, on commence à poser les bois de la Nouvelle Intendance. Joly achève la salle de Comédi, Girardet peint celle de l'Hôtel de Ville ; la magnifique grille de Lamour qui tient à la Comédie est entièrement posée. On commence à paver la place. »

15 Juillet 1755
« La statue pédestre de Louis XV de onze pieds de proportion a été coulée à Lunéville à 7 heures du soir en trois minutes.
Barthélémy Guibal et Paul-Louis Cyfflé entrepreneur, Perrin maître fondeur. »

15 Novembre 1755
« On charge à Lunéville, devant l'endroit où elle a été fondue, la statue pédestre de Louis XV et on l'amène le soir devant le corps de garde du Château. »

16 Novembre 1755
« La statue part de Lunéville à 8 heures et demie du matin, trainée par 32 chevaux et arrivée à 8 heures du soir à la porte Saint Georges. »
« On l'introduit dans Nancy le lendemain 17. »
« Et le 18 à midi, elle est posée sur le pied d'estal sur les degrés duquel étaient déjà 3 des 4 figures qui accompagnent. »

21 Novembre 1755
« Le Roi de Pologne part de Lunéville pour la Malgrange avec une partie de la cour, afin de tout faire disposer pour l'érection de la statue au 26.
On apprend l'affreux malheur arrivé à Lisbonne par le tremblement de terre et l'incendie »

25 Novembre 1755
« Te deum à la Primatiale de Nancy pour la naissance du Comte de Provence »

26 Novembre 1755
« Erection de la statue pédestre de Louis XV sur la Place Royale de Nancy. La cérémonie s'en fit à 2 heures après midi. A l'entrée du Roy de Pologne, une partie du régiment du Roy se bordait la Haie depuis la porte Saint Nicolas, l'autre partie était en bataille sur la place où est la statue et un détachement des gardes lorrains sous les fenêtres le long de l'Hôtel de Ville. Pendant que le Roy était dans la grande Allée, il tomba de la corniche de dessous dans le grand vestibule du plâtre posé tout fraichement et un garde du corps qui pensa être blessé crût que la salle où était Sa Majesté s'enfonçait. Le bruit en devint grand et on pria le Roy pour se sauver, ce qui aurait été impossible à cause de l'affluence de ceux qui se présentaient aux portes.
(...) trouble et confusion, et plusieurs personnes (...) pensèrent se précipiter du grand escalier.
Il y avait une petite pluie (...) on fut obligés de remettre au lendemain l'illumination. »

27 Novembre 1755
« Elle eut lieu par une nuit noire dans toute la Place Royale, dont les lampions très près l'un de l'autre marquaient toute l'architecture, on admirait ce bel effet à la Place Royale pendant que le feu d'Artifice sur la place de la Carrière, vis-à-vis de la Nouvelle Intendance allait fort mal, les poudres ayant pris l'humidité toute la nuit. »

18 May 1764
« Le Roy a été entendre la messe aux Capucins de Lunéville. On a fait venir des chaises à porteurs, M. de Tressans, qui soutenait le Roy en descendant le perron de la cour, le Roy lui a dit « Tressans, mets toi dans cette chaise, tu iras le premier aux Capucins. ». M. de Tressans est entré dans la chaise ; il n'y a pas plutôt été que le Roy a dit aux porteurs : Arrêtez ; et il s'est misdans la même chaise sur les genoux de M. de Tressans.
Tout le monde s'est mis à rire ; mais le Roy a voulu rester sur les genoux, de façon que les porteurs ne suffisent pas. Tous les valets de pied, en nombre de 10 ou 12, se sont mis après la chaise, l'ont enlevée et ont porté le Roy et M. de Tressans aux Capucins.
Mais à la bénédiction, à la fin de la messe, M. de Tressans est décampé, de peur d'être à nouveau en presse.
Jugez de là si notre bon Roy se porte bien. »

8 Octobre 1764
«  J'ai vu aujourd'hui Sa Majesté Polonaise et l'ai remercié pour la Ville de Nancy. Je lui ai dit que je recevais des reproches de tous côtés de ce que la ville ne lui faisait pas ériger une statue. Sa Majesté m'a répondu qu'elle se contentait des coeurs et de l'affection et ne voulait point être statue. »

8 May 1765 (Saint Stanislas)
« Feu d'artifice sur la Place Royale. Tout était préparé par une décoration de boiseries peintes par Claudon et qui ornait en dedans de la grille les quatre faces de la statue de Louis XV. Des transparents, en bleu clair, laissaient voir à jour les chiffres du Roy de Pologne et ces mots : « Vive Stanislas le Bienfaisant » Toutes les croisées de la place étaient remplies du plus beau monde et la place de tout le peuple. A nuit fermée, vers neuf heures du soir, on fit faire un grand cercle à environ 25 pas de distance de la grille et le sieur François, conseiller en l'hôtel de ville, qui a tout conduit, fit partir les artifices des 4 faces successivement, ce qui dura un peu plus de demi heure et fit grand plaisir. La nuit fut après noire et l'air très calme et sans pluie. Le peuple a crié Vive le Roy à différentes reprises et de bon coeur. »